Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

science exige que nous lui prodiguions nos soins jusqu’à ce que nous acquerrions la pénible certitude qu’ils lui sont inutiles.

— Père, l’amour du prochain vous entraîne trop loin ; peut-être vaudrait-il mieux que ce misérable ne revînt jamais à la vie.

— Vous êtes sévère, mon ami. Cet homme est jeune encore, c’est presque un enfant ; élevé au milieu d’une famille de bandits, n’ayant sous les yeux que de mauvais exemples, il n’a jusqu’ici fait le mal que par imitation ; qui sait si cette affreuse blessure ne lui fournira pas les moyens d’entrer dans la société des honnêtes gens, que jusqu’ici il n’a pu connaître ? Je vous le répète, mon ami, les voies du Seigneur sont impénétrables.

— Je ferai ce que vous voudrez, mon père, vous avez tout pouvoir sur moi ; seulement, je crains que tous nos soins ne soient en pure perte.

— Dieu, dont nous ne sommes que les humbles instruments, vous donnera tort, je l’espère. Voyons, un peu de courage, encore quelques pas, et nous serons arrivés.

— Allons donc, répondit don Pablo avec résignation.

Ils se remirent en marche.

Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent au logis du missionnaire.

Le père Séraphin habitait calle de la Pescaderia, dans une maison de chétive apparence, bâtie en adobes et en roseaux, une petite chambre que lui louait une pauvre veuve, pour la modique somme de neuf réaux par mois.

Cette chambre, assez étroite, et qui ne recevait d’air que par une fenêtre donnant sur un corridor intérieur,