Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/444

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pour que ses complices le rejoignissent, ce qu’ils firent immédiatement ; et, toujours chargé de son fardeau, il se dirigea avec eux du côté du rancho del Coyote.

Pendant le trajet, qui ne fut pas long, les bandits ne rencontrèrent pas une âme.

Garote ouvrit la porte, alluma un cebo ; les bandits entrèrent, et la porte fut barricadée avec soin derrière eux.

Ainsi, après quelques heures à peine de liberté, la malheureuse jeune fille était tombée de nouveau entre les mains de ses ravisseurs et réintégrée par eux dans la misérable chambre où elle avait passé de si longs jours dans les larmes et la prière.

Le Cèdre-Rouge porta doña Clara à demi évanouie dans la chambre, lui ôta le rebozo qui la bâillonnait, rentra dans la salle et ferma la porte derrière lui.

— Là, dit-il avec satisfaction, voilà qui est fait ; la brebis est rentrée au bercail, n’est-ce pas, révérend père ? Cette fois, espérons qu’elle n’échappera pas.

Le moine sourit.

— Nous ferons bien de ne pas rester longtemps ici, dit-il.

— Pourquoi donc ?

— Parce que cette retraite est connue et que l’on ne manquera pas de la visiter bientôt.

Le squatter haussa les épaules.

— Écoutez, Fray Ambrosio, dit-il avec une grimace sinistre qui avait la prétention d’être un sourire, je vous prédis que tout coquin que vous êtes vous courez grand risque de mourir dans la peau d’un imbécile, si l’on n’a pas le soin de vous écorcher auparavant, ce qui pourrait fort bien arriver.