Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/445

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Le moine frissonna : la gaieté du Cèdre-Rouge avait cela de particulier qu’elle était plus redoutable encore que sa colère.

Le squatter s’assit sur un banc ; et se tournant vers le gambusino :

— À boire ! dit-il rudement.

Garote prit une cruche de mezcal et la plaça devant son terrible associé.

Celui-ci, sans se donner la peine de verser la liqueur dans un verre, porta la cruche à ses lèvres et but jusqu’à ce que la respiration lui manquât.

— Hum ! dit-il en faisant claquer sa langue contre son palais, c’est bon de se rafraîchir quand on a soif. Écoutez bien mes ordres, mes chers enfants, et tâchez de les exécuter à la lettre, ou sinon votre peau de coquin payera pour vous.

Les trois hommes s’inclinèrent en silence.

— Vous, Nathan, continua-t-il, vous allez venir avec moi ; il est inutile que vous restiez ici : votre présence est nécessaire au Cerro-Prieto où campent nos compagnons.

— Je vous suivrai, répondit laconiquement le jeune homme.

— Bien. Maintenant, vous autres, retenez bien ceci : nos ennemis ne supposeront jamais que j’aie commis la faute de ramener ici ma prisonnière, ce serait tellement absurde que cette idée ne leur viendra pas un instant ; ainsi vous pouvez être tranquilles, nul ne troublera votre repos. Demain, dès que la lune se lèvera, vous ferez endosser des vêtements indiens à la péronnelle dont je vous confie la garde, vous la mettrez à cheval et vous me rejoindrez au Cerro-Prieto. Immédiatement après votre arrivée nous partirons.