Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/69

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rauque, tu n’es qu’un chien des faces pâles. Pourquoi revêtir la peau d’un lion, puisque tu es un lâche coyote ?

Le Ranger, encore étourdi par la chute qu’il venait de faire et la pression qu’il avait subie, ne répondit pas.

— Je pourrais te tuer, continua l’Indien, mais ma vengeance ne serait pas complète. Il faut que toi et les tiens vous me payiez tout le sang innocent que vous avez lâchement versé cette nuit. Je vais te marquer, afin de te reconnaître plus tard.

Alors, avec un sang-froid terrible, le Coras renversa le Ranger sur le dos, lui appuya le genou sur la poitrine et, lui enfonçant un doigt dans l’œil droit par un mouvement de rotation d’une rapidité extrême, il le fit jaillir de l’orbite et le lui arracha.

À cette affreuse mutilation, le misérable poussa un cri de douleur impossible à rendre.

L’Indien se releva.

— Va, lui dit-il, maintenant je suis certain de te retrouver quand je le voudrai.

En ce moment, un bruit de chevaux résonna à peu de distance ; évidemment les Rangers avaient entendu le cri de leur compagnon et accouraient à son secours.

Le Coras s’élança au milieu des buissons et disparut.

Quelques minutes plus tard les Rangers arrivèrent.

— Nathan, mon fils ! s’écria le Cèdre-Rouge en se précipitant en bas de son cheval et se jetant sur le corps du blessé, Nathan, mon premier-né, il est mort !

— Non ! répondit un des Rangers, mais il est bien malade.