Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Vous êtes un ancien militaire, monsieur, dit-il, et avec vous les plus courts discours doivent être les meilleurs ; en deux mots, voici ce qui nous amène : les Pawnées-Serpents vous accusent de vous être emparé, par trahison, de leur village et d’avoir massacré la plus grande partie de leurs parents et amis, est-ce vrai ?

— Il est vrai que je me suis emparé du village, mais j’avais le droit de le faire, puisque les Peaux-Rouges refusaient de me le livrer ; mais je nie que ce soit par trahison : ce sont les Pawnées, au contraire, qui se sont traîtreusement conduits envers moi.

— Oh ! s’écria le Cerf-Noir en se levant vivement, le Visage-Pâle a une langue menteuse dans la bouche.

— Paix ! s’écria Tranquille en l’obligeant à reprendre sa place, laissez-moi débrouiller cet écheveau qui me semble assez emmêlé. Pardon si j’insiste, monsieur, reprit-il en s’adressant au capitaine, mais la question est grave et la vérité doit être connue. N’avez-vous pas été reçu, à votre arrivée, en ami par les chefs de la tribu ?

— En effet, nos premières relations furent amicales.

— Pourquoi alors devinrent-elles hostiles ?

— Je vous l’ai dit : parce que, contre la foi jurée et la parole donnée, ils refusèrent de me céder la place.

— Comment ? vous céder la place !

— Certes, puisqu’ils m’avaient vendu le territoire qu’ils occupaient.

— Oh ! oh ! capitaine, ceci demande explication.