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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Elle est bien facile à donner, et pour prouver la bonne foi que j’apporte dans cette affaire, je vais vous montrer l’acte de vente.

Le chasseur et le chef échangèrent un regard étonné.

— Je n’y comprends plus rien, dit Tranquille.

— Attendez un instant, reprit le capitaine, je vais chercher cet acte et je vous le montrerai.

Et il sortit.

— Oh ! monsieur, s’écria la jeune femme en joignant les mains avec prière, tâchez d’empêcher une querelle.

— Hélas ! madame, répondit le chasseur avec tristesse, d’après la tournure que prennent les choses, c’est bien difficile.

— Tenez, voyez, dit en entrant le capitaine, et il leur montra l’acte.

Les deux hommes n’eurent qu’à jeter un coup d’œil dessus pour reconnaître la supercherie.

— Cet acte est faux, dit Tranquille.

— Faux ! c’est impossible, s’écria le capitaine avec stupeur, mais alors j’aurais été odieusement trompé.

— C’est malheureusement ce qui est arrivé !

— Que faire ? murmura machinalement le capitaine.

Le Cerf-Noir se leva.

— Que les Visages-Pâles écoutent, dit-il avec majesté, un sachem va parler.

Le Canadien voulut s’interposer, mais d’un geste le chef lui imposa silence.

— Mon père a été trompé ; c’est un guerrier juste, sa tête est grise ; le Wacondah lui a donné la