Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

sagesse ; les Pawnées-Serpents sont justes aussi, ils veulent vivre en paix avec mon père, puisqu’il est innocent de la faute qu’on lui reproche et dont un autre doit être responsable.

Le commencement de ce discours surprit agréablement les auditeurs du chef ; la jeune mère surtout, en entendant ces paroles, sentait disparaître son inquiétude et la joie rentrer dans son cœur.

— Les Pawnées-Serpents, continua le sachem, restitueront à mon père toutes les marchandises qui lui ont été estorquées ; lui, de son côté, s’engagera à abandonner les territoires de chasse des Pawnées et à se retirer ainsi que tous les Visages-Pâles qui sont venus avec lui ; les Pawnées renonceront à la vengeance qu’ils voulaient tirer du meurtre de leurs frères, et la hache de guerre sera enterrée entre les Peaux-Rouges et les Visages-Pâles de l’Ouest. J’ai dit.

Après ces paroles, il y eut un silence.

Les assistants étaient frappés de stupeur ; ces conditions étaient inacceptables, la guerre devenait imminente.

— Que répond mon père ? demanda le chef au bout d’un instant.

— Hélas ! chef, répondit le capitaine avec douleur, je ne puis consentir à de telles conditions, cela est impossible ; tout ce que je puis faire, c’est de doubler le prix que j’ai payé primitivement.

Le chef haussa les épaules avec dédain.

— Le Cerf-Noir s’était trompé, dit-il avec un sourire de mépris, les Visages-Pâles ont bien réellement la langue fourchue.

Il fut impossible de faire comprendre au sachem