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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

combattants ; en effet, dans le vieux monde, le temps des Marphises et des Bradamantes est heureusement passé pour toujours, et le beau sexe, grâce au progrès constant de la civilisation, n’en est plus réduit à faire assaut de courage avec les hommes.

Dans l’Amérique septentrionale, à l’époque où se passait notre histoire, et même aujourd’hui, dans les prairies et sur les défrichements, il n’en est pas ainsi ; souvent, lorsque le cri de guerre des Indiens vient subitement résonner aux oreilles des pionniers, les femmes sont contraintes d’abandonner les travaux de leur sexe pour saisir un rifle entre leurs mains délicates et se porter résolument à la défense de la communauté.

Nous pourrions au besoin citer plusieurs de ces héroïnes aux doux yeux et au regard d’ange qui, dans l’occasion, ont vaillamment fait leur devoir de soldat et ont combattu comme de vrais démons contre les Indiens.

Mistress Watt n’était pas une héroïne, tant s’en faut, mais elle était fille et femme de soldats ; elle était née et avait été élevée sur la frontière indienne ; plusieurs fois elle avait senti l’odeur de la poudre et vu le sang couler, de plus elle était mère. Il s’agissait de défendre ses enfants ; toute sa craintive timidité avait disparu pour faire place à une résolution froide et énergique.

Son exemple avait électrisé les autres femmes de la colonie, et toutes s’étaient armées résolues à combattre aux côtés de leurs maris et de leurs pères.

Nous répétons donc que, hommes et femmes, le