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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Hum, fit le moine, à peine avons-nous eu le temps de déjeuner, pourquoi diable êtes-vous si pressé, capitaine ?

— Saint homme, reprit l’officier en ricanant, s’il vous plaît de demeurer, vous êtes libre de le faire.

— Non, non, je pars avec vous ! s’écria le moine avec un geste d’effroi, caspita ! Je veux profiter de votre escorte.

— Alors, hâtez-vous, car avant cinq minutes je donnerai l’ordre du départ.

L’officier après avoir jeté un regard circulaire sur la plaine, fit signe à son assistente de lui amener son cheval, et se mit légèrement en selle avec cette grâce particulière aux cavaliers mexicains. Le moine étouffa un soupir de regret en songeant probablement à la plantureuse hospitalité qu’il abandonnait pour courir les risques d’un long voyage ; et aidé par les arrieros il parvint à se hisser, tant bien que mal, sur une mule dont les reins fléchirent en recevant ce poids énorme.

— Ouf ! murmura-t-il, m’y voici.

— À cheval ! commanda l’officier.

Les dragons obéirent aussitôt et pendant quelques secondes on entendit un bruissement de fer.

La jeune fille dont nous avons parlé était jusque-là demeurée silencieuse et immobile sur le seuil de la porte, paraissant en proie à une secrète agitation et jetant autour d’elle des regards inquiets sur deux ou trois campesinos qui, nonchalamment appuyés de l’épaule contre les murs de la venta, suivaient d’un œil curieux et nonchalant à la fois les mouvements de la caravane ; mais au moment où le capi-