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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

son blanche avec des colonnades formant péristyle et un toit de tuiles rouges. Cette maison, coquettement tapissée de plantes grimpantes qui s’épanouissaient en larges touffes sur ses murs, était une venta ou hôtellerie bâtie au sommet d’un léger monticule. On y arrivait par une pente insensible, et, grâce à sa position, elle dominait ce paysage immense et grandiose comme celui qu’embrasse le condor lorsqu’il plane au haut des nuages.

Devant la porte de la venta plusieurs dragons pittoresquement groupés et au nombre d’une vingtaine environ achevaient de seller leurs chevaux, tandis que des arrieros s’occupaient activement à charger sept ou huit mules.

Sur la route, à quelques milles en avant de la venta, on voyait, comme des points noirs presque imperceptibles, plusieurs cavaliers qui s’éloignaient rapidement et étaient sur le point de s’engager dans la forêt dont nous avons parlé, forêt qui s’élevait graduellement et était dominée par une ceinture de hautes montagnes dont les cimes chenues et tourmentées se confondaient presque avec l’azur du ciel.

La porte de la venta s’ouvrit et un jeune officier sortit en chantonnant, un moine gros et pansu à la mine réjouie l’accompagnait ; après eux apparut sur le seuil une ravissante jeune fille de dix-huit à dix-neuf ans, blonde et frêle, aux yeux bleus et aux cheveux dorés, mignonne et gracieuse.

— Allons, allons, dit le capitaine, car le jeune officier portait les signes distinctifs de ce grade, nous n’avons que trop perdu de temps déjà, à cheval.