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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Je ne croyais pas qu’il y eût du danger.

— Maintenant vous voilà détrompée, je l’espère ?

— Oh ! fit-elle avec un mouvement d’effroi, cela ne m’arrivera plus, je vous le jure.

— Soit, mais j’entends, je crois, le pas de Lanzi.

Elle se pencha au dehors.

— Oui, répondit-elle, le voilà.

En effet l’homme annoncé entra.

C’était un individu d’une quarantaine d’années, à la physionomie intelligente et hardie ; il avait sur ses épaules un magnifique daim attaché à peu près de la même façon que les chasseurs suisses portent les chamois, de la main droite il tenait un fusil.

Il fit un geste de contrariété en apercevant le jeune homme ; cependant il le salua légèrement puis il déposa sa venaison sur la table.

— Oh ! oh ! dit le Jaguar d’un ton de bonne humeur, vous avez fait une bonne chasse à ce qu’il paraît, Lanzi ; les daims ne manquent pas dans la plaine ?

— J’ai vu un temps où ils étaient plus nombreux, répondit-il d’un air bourru ; mais maintenant, ajouta-t-il en hochant tristement la tête, c’est à peine si un pauvre homme en peut tirer un ou deux dans toute une journée.

Le jeune homme sourit.

— Ils reviendront, dit-il.

— Non, non, fit Lanzi, les daims une fois effarouchés ne reviennent plus dans les contrées qu’ils ont abandonnées, quelque intérêt qu’ils auraient à le faire.

— Il faut donc en prendre votre parti, mon maître, et vous consoler.