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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Tranquille sortit alors trente-sept onces et demie d’or de sa ceinture et les étala sur la table.

— Soyez témoins, caballeros, dit le mayordomo en s’adressant à l’assistance, que le señor Tranquillo a payé les six cents piastres convenues pour l’achat de la venta del Potrero.

— Nous sommes témoins, répondirent-ils.

Alors, le mayordomo en tête, toutes les personnes présentes le suivant passèrent dans le corral situé derrière la maison.

Arrivé dans le corral, Tranquille arracha une touffe d’herbe qu’il jeta par-dessus son épaule, puis ramassant une pierre, il la lança de l’autre côté du mur ; aux termes de la loi mexicaine, il venait de faire acte de propriétaire.

— Soyez témoins, señores, dit encore le mayordomo, que le señor Tranquillo, ici présent, prend légalement possession de cet immeuble. Dios y libertad !

— Dios y libertad ! s’écrièrent les assistants. Vive le nouveau huesped !

Toutes les formalités étaient remplis. On rentra dans la maison, où Tranquille versa de copieuses libations à ses témoins, que cette munificence inattendue combla de joie.

L’ancien hôtelier, fidèle aux conventions faites, serra la main de son acheteur, monta à cheval et partit en lui souhaitant bonne chance ; depuis ce jour, on n’entendit plus parler de lui.

Voilà de quelle manière le chasseur était arrivé au Texas et comment il s’y était établi.

Il laissa Lanzi et Quoniam à la venta avec Carmela. Quant à lui, grâce à la protection du mayordomo qui le recommanda à son maître, don Hilario