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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Comme il vous plaira, padre, pourtant vous avez tort.

— C’est possible, honorable capitaine, mais du diable si je vous accompagne auprès de ces païens ; sous deux jours je vous quitte.

— Si tôt que cela ?

— Dam ! je suppose, puisque vous vous rendez dans les prairies, que vous abandonnerez la recua que vous escortez au rancho de San-Jacinto qui est le point extrême des possessions mexicaines sur la frontière du désert.

— C’est probable.

— Eh bien ! moi, je continuerai avec les muletiers : comme alors tous les passages dangereux auront été franchis, je n’aurai plus rien à redouter, et mon voyage se continuera le plus agréablement du monde.

— Ah ! fit le capitaine en lui lançant un regard perçant ; mais il ne put continuer cette conversation qui semblait pour lui fort intéressante, car un cavalier de l’avant-garde arriva à toute bride, s’arrêta devant lui, et, se penchant à son oreille, lui dit quelques mots à voix basse.

Le capitaine jeta un regard investigateur autour de lui, se redressa sur sa selle, et, s’adressant au soldat :

— C’est bien, lui dit-il. Combien sont-ils ?

— Deux, mon capitaine.

— Surveillez-les, sans cependant leur laisser soupçonner qu’ils sont prisonniers ; en arrivant à la halte, je les interrogerai. Rejoignez vos compagnons.

Le soldat s’inclina respectueusement sans répon-