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LES RODEURS DE FRONTIÈRES


XV

LA HALTE.


Le soleil avait presque entièrement disparu à l’horizon, au moment où la caravane arriva à la halte.

Cet endroit, situé au sommet d’une colline assez escarpée, avait été choisi avec cette sagacité qui distingue les arrieros texiens ou mexicains ; toute surprise était impossible, et les arbres séculaires qui garnissaient la crête de la colline pouvaient, en cas d’attaque, offrir de sûrs abris contre les balles.

Les mules furent déchargées, mais, contrairement à l’usage consacré en pareil cas, les ballots, au lieu de servir de parapet ou de retranchement au camp, furent empilés et placés hors de l’atteinte des maraudeurs que le hasard ou la cupidité pourraient, lorsque les ténèbres seraient épaisses, attirer de ce côté.

Sept à huit grands brasiers furent allumés en cercle, afin d’éloigner les bêtes fauves ; les mules reçurent leur ration de maïs sur des mantas ou couvertures étendues à terre ; puis aussitôt qu’on eût posté les sentinelles autour du camp, les soldats et les arrieros s’occupèrent activement des apprêts d’un maigre souper, que les fatigues de la journée leur rendaient nécessaire.

Le capitaine don Juan et le moine, retirés un peu à l’écart auprès d’un feu allumé à leur intention, commencèrent à fumer des cigarettes de maïs,