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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

tandis que l’assistente[1] de l’officier préparait en toute hâte le repas de son chef, repas, nous devons en convenir aussi simple que celui des autres membres de la caravane, mais que la faim avait le privilége de rendre, non-seulement appétissant, mais encore presque succulent, bien qu’il ne se composât que de quelques varas (aunes) de tocino ou viande séchée au soleil, et de quatre ou cinq galettes de biscuit.

Le capitaine eut bientôt terminé son souper. Il se leva ; et comme la nuit était complètement venue, il alla visiter les sentinelles afin de s’assurer que tout était en ordre. Lorsqu’il reprit sa place auprès du feu, le padre Antonio, étendu les pieds à la flamme, et enveloppé avec soin dans un épais zarapé, dormait ou du moins semblait dormir à poings fermés.

Don Juan l’examina un instant avec une expression de haine et de mépris impossible à rendre, hocha la tête à deux ou trois reprises d’un air rêveur et commanda à son assistente, qui debout à quelques pas de lui attendait ses ordres, que les deux prisonniers fussent amenés en sa présence.

Ces prisonniers avaient été jusqu’à ce moment tenus à l’écart : bien que traités avec considération il leur avait été cependant facile de s’apercevoir qu’ils étaient étroitement gardés et surveillés avec le plus grand soin ; pourtant, soit par insouciance, soit pour toute autre cause, ils n’avaient pas paru se douter qu’on les retînt captifs, car on leur avait laissé leurs armes, et à voir leurs formes musculeuses et leurs

  1. Domestique.