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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Qu’est-ce que cela signifie ? se demanda-t-il mentalement en hochant la tête d’un air préoccupé, me serais-je trompé ? N’est-ce donc point à un Apache que j’ai affaire ?

Après cet aparté pendant lequel Lanzi avait, mais vainement, cherché à distinguer son ennemi inconnu.

— Holà ! cria-t-il d’une voix forte, qui êtes-vous ?

— Et vous ? répondit une voix mâle sortant du milieu des ténèbres, avec un accent au moins aussi résolu que celui du métis.

— Voilà une singulière réponse, reprit Lanzi.

— Pas plus singulière que la question.

Ces paroles avaient été échangées en excellent espagnol. Le métis, certain désormais qu’il avait affaire à un blanc, bannit toute crainte, et désarmant son pistolet, il le replaça à sa ceinture en disant d’un ton de bonne humeur :

— Vous devez, comme moi, caballero, avoir besoin de reprendre haleine après une aussi longue course ; voulez-vous que nous nous reposions de compagnie ?

— Je ne demande pas mieux, répondit l’autre.

— Eh ! mais, exclama une voix que le métis reconnut aussitôt, c’est Lanzi.

— Certes ! s’écria celui-ci avec joie, voto a brios ! doña Carmela, je n’espérais pas vous rencontrer ici !

Nos trois personnages se joignirent. Les explications furent courtes.

La peur ne calcule et ne réfléchit pas. Doña Carmela d’un côté, Lanzi de l’autre, emportés par une vaine terreur, avaient fui sans chercher à se rendre