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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

celui qu’il poursuivait, ne se souciait pas de l’atteindre.

Cependant, peu à peu la première exaltation du métis s’était calmée, l’air froid de la nuit avait mis un peu d’ordre dans ses idées, son sangfroid était revenu, et avec lui la lucidité nécessaire pour juger sainement sa position.

Lanzi eut honte de cette terreur puérile, indigne d’un homme comme lui, qui, depuis si longtemps, dans l’intérêt de sa sûreté personnelle, lui faisait oublier le devoir sacré qu’il s’était imposé, de protéger et de défendre au péril de sa vie la fille de son ami, ou du moins celle qu’il considérait comme telle.

À cette pensée qui le frappa comme un coup de foudre, une rougeur brûlante empourpra son visage, un éclair jaillit de ses yeux, et il arrêta court son cheval, résolu, coûte que coûte, à en finir une fois pour toutes avec son persécuteur.

Le cheval brusquement arrêté dans sa course fléchit sur ses jarrets tremblants en poussant un hennissement de douleur et demeura immobile. Au même instant, le galop du coursier invisible cessa de se faire entendre.

— Hé ! hé ! murmura le métis, ceci commence à devenir louche.

Et sortant un pistolet de sa ceinture il l’arma.

Il entendit immédiatement, comme un écho funèbre, le bruit sec de la détente d’un pistolet que de son côté armait son adversaire.

Cependant ce bruit, au lieu d’accroître les appréhensions du métis, sembla au contraire les calmer.