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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

esprit la solution de ce problème et s’être vainement creusé la tête pour arriver à une conclusion probable, le Peau-Rouge à bout de suppositions, s’arrêta à la première qui lui était venue à la pensée, à savoir que cette piste était fictive et seulement destinée à cacher la véritable et à fourvoyer ceux qui la suivraient.

Le grand défaut des gens habitués à ruser, est de supposer que tous les hommes sont comme eux et n’emploient que la ruse pour les combattre ; aussi, souvent ils se trompent, et la franchise des moyens employés par leurs adversaires les déroute complétement et leur fait souvent perdre une partie que dans toute autre circonstance ils auraient gagnée.

Le Renard-Bleu s’aperçut bientôt que sa supposition était fausse, qu’il avait fait à son ennemi honneur de beaucoup plus de finesse et de sagacité que celui-ci n’en possédait réellement, et que, là où il avait cru voir une ruse excessivement compliquée, dans le but de le tromper, il n’existait en fait que ce qu’il avait aperçu d’abord, c’est-à-dire tout simplemement le passage d’un homme.

Après avoir longtemps hésité et tergiversé, l’Indien se décida enfin à pousser en avant et à suivre ce qu’il croyait une fausse piste, convaincu qu’il ne tarderait pas à découvrir la véritable ; seulement comme il était persuadé qu’il avait affaire à des gens excessivement madrés, il redoubla de prudence et de précaution, n’avançant que pas à pas, explorant avec soin les haziers et les buissons et ne s’aventurant que lorsqu’il se croyait certain de n’avoir aucune surprise à redouter.

Ce manège dura assez longtemps ; il y avait près