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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

de deux heures qu’il avait quitté ses compagnons lorsqu’il se trouva tout à coup à l’entrée d’une clairière assez vaste dont il n’était séparé que par un rideau de feuillage.

L’Indien s’arrêta, se redressa doucement, écarta les branches à droite et à gauche de façon à ce que son regard pût, sans que lui-même fût aperçu, plonger dans la clairière, et il regarda.

Les forêts américaines fourmillent de ces clairières, produites, soit par la chute d’arbres émiettés par le temps et tombés de vétusté, soit par des arbres frappés par la foudre et renversés à la suite de ces terribles ouragans qui bouleversent si souvent de fond en comble le sol du Nouveau-Monde. La clairière dont nous parlons était assez vaste ; un large ruisseau la traversait dans toute sa longueur, et dans la vase de ses rives on voyait profondément empreints les pieds des bêtes fauves dont il était un des abreuvoirs ignorés.

Un magnifique chêne-acajou dont la luxuriante ramure ombrageait toute la clairière se trouvait à peu près au centre. Au pied de ce gigantesque hôte des forêts deux hommes se tenaient l’un près de l’autre.

Le premier, revêtu d’une robe de moine, était étendu sur le sol, les yeux fermés et le visage couvert d’une pâleur mortelle ; le second, agenouillé auprès de lui, semblait lui prodiguer les soins les plus empressés.

Grâce à la position occupée par le Peau-Rouge, il lui fut facile de distinguer les traits de ce second personnage qui lui faisait face.

Cet individu était d’une taille élevée, mais d’une