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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

maigreur extrême ; son visage qui, à cause des intempéries des saisons auxquelles il avait probablement longtemps été exposé, avait acquis la couleur de la brique, était sillonné de rides profondes ; une barbe blanche comme la neige tombait sur sa poitrine, mêlée aux longues boucles de ses cheveux blancs aussi, qui s’étalaient en désordre sur ses épaules ; il portait le costume des partisans du Nord-Amérique mêlé au costume mexicain : ainsi un chapeau de poils de vigogne, garni d’une golille d’or, couvrait sa tête, un zarapé lui servait de manteau, son pantalon de velours de coton violet était étroitement serré dans de longues guêtres de peau de daim qui lui montaient jusqu’au genou.

Il était impossible de pouvoir supputer l’âge de cet homme. Bien que ses traits sombres et accentués, ses yeux fauves qui brûlaient d’un feu concentré et avaient une expression égarée, révélassent qu’il avait atteint une vieillesse avancée, cependant aucune trace de décrépitude ne se laissait voir dans toute sa personne ; sa taille semblait ne pas avoir perdu un pouce de sa hauteur, tant son torse était droit encore ; ses membres noueux, garnis de muscles dur comme des cordes, paraissaient doués d’une force et d’une souplesse extraordinaires : en somme, il avait toute l’apparence d’un redoutable partisan, dont le coup d’œil devait être aussi sûr et le bras aussi prompt que s’il n’eût eu que quarante ans.

À sa ceinture, il portait une paire de longs pistolets, et un sabre à lame droite et large nommé machete, passé, sans fourreau, à un anneau de fer, pendait à son côté gauche. Deux rifles, dont l’un