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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

soin ses membres endoloris : puis lorsqu’il se fut assuré qu’il n’avait rien de cassé, il reprit avec une évidente satisfaction :

— J’en suis, Dieu merci, quitte à meilleur marché que je n’aurais osé le supposer, après la façon dont j’ai été renversé. Puis il ajouta en jetant un regard de pitié à son compagnon étendu près de lui : Ce pauvre Jim n’a pas été aussi heureux que moi, ses courses sont finies ! Quel rude coup de machete il a reçu ! Bah ! fit-il avec cette égoïste philosophie du désert, nous sommes tous mortels, chacun son tour : aujourd’hui lui, moi demain, ainsi va le monde.

Alors appuyé sur son rifle, car il éprouvait quelque difficulté à marcher, il fit quelques pas dans la clairière autant pour se dégourdir les membres que pour s’assurer par une dernière expérience qu’ils étaient en bon état.

Puis après quelques instants d’un exercice qui rétablit la circulation du sang et l’élasticité de ses articulations, complétement rassuré enfin sur lui-même, la pensée lui vint de s’assurer si parmi les corps étendus çà et là autour de lui, quelques-uns respiraient encore.

— Ce ne sont que des Indiens, murmura-t-il, mais après tout ce sont des hommes ; bien qu’ils soient presque privés de raison, l’humanité me commande de leur porter secours, d’autant plus que ma situation présente n’a rien de fort agréable, et que si je parviens à en sauver quelques-uns, leur connaissance du désert me sera d’une grande utilité en ce moment.

Cette dernière considération le décida à venir en