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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Oui, répondit laconiquement le capitaine.

— Est-ce que vous ne vous sentiriez pas envie de dormir ?

— Non.

— Pour moi, je sens mes paupières extraordinairement lourdes, mes yeux se ferment malgré moi ; avec votre permission, je vais faire comme nos compagnons et prendre quelques instants de l’excellent sommeil qu’ils savourent avec tant de délices.

— Un instant, j’ai quelques mots à vous dire.

— À moi ?

— Oui.

— Soit, dit-il d’un air parfaitement indifférent.

Il se leva en étouffant un soupir de regret et vint s’asseoir auprès du capitaine, qui se recula pour lui faire place sous l’ombre protectrice du gros arbre au vert feuillage qui étendait au-dessus de sa tête ses bras de géant tout chargés de pampres et de barbe d’Espagnol.

— Nous avons à causer sérieusement, reprit le capitaine.

— Comme il vous plaira.

— Pouvez-vous être franc ?

— Hein ? fit le soldat mis hors de garde par cette question à brûle-pourpoint.

— Ou, si vous le préférez, pouvez-vous être loyal ?

— C’est selon.

Le capitaine le regarda.

— Répondrez-vous à mes questions ?

— Je ne sais pas.

— Comment ! vous ne savez pas ?