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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

coup de main ; mais qui me garantit que la conducta traversera ce défilé et non le Rio-Secco ?

— Moi.

— Comment, vous ?

— Certainement, puisque je servirai de guide.

— Hum ! voilà que nous ne nous entendons plus.

— Mais si, au contraire ; je vais vous quitter, j’irai rejoindre le capitaine auquel je remettrai la dépêche du général ; bon gré mal gré il sera contraint de me prendre pour guide, et je l’amènerai dans vos mains aussi sûrement qu’un novillo qu’on conduit à la boucherie.

Le Jaguar lança au soldat un regard qui semblait vouloir fouiller jusqu’au fond de son cœur.

— Vous êtes un hardi compagnon, lui dit-il ; mais vous arrangez, à mon avis, les événements un peu trop à votre guise. Je ne vous connais pas, moi ; voici la première fois que je vous vois, et, pardonnez-moi d’être franc, c’est pour conclure une trahison. Qui me répond de votre fidélité ? Si je suis assez niais pour vous laisser partir tranquillement, qui m’assure que vous ne vous tournerez pas contre moi ?

— Mon intérêt d’abord ; si vous vous emparez grâce à moi de la conducta, vous me donnerez cinq cents onces.

— Ce n’est pas trop cher ; cependant permettez-moi encore une objection.

— Faites, seigneurie.

— Rien ne me prouve que l’on ne vous a pas promis le double pour vous emparer de moi.

— Oh ! fit-il avec un geste de dénégation.

— Dame, écoutez donc, on a vu des choses plus