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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Quoniam saisit le fusil que le chasseur lui avait laissé, passa le couteau à sa ceinture, à laquelle il attacha aussi les cornes de poudre et de balles, puis, après avoir jeté un regard autour de lui pour s’assurer qu’il ne laissait rien, il suivit le chasseur qui avait déjà pris une assez grande avance sur lui.

Il l’atteignit au moment où Tranquille arrivait près de la pirogue et se mettait en devoir de la pousser à l’eau ; au bruit des pas, le chasseur se retourna.

— Tiens, dit-il, c’est encore vous, Quoniam ?

— Oui, répondit-il.

— Quelle raison vous amène de ce côté ?

— Eh ! fit le nègre en fourrant ses doigts dans sa chevelure crépue et se grattant la tête avec fureur, c’est que vous avez oublié quelque chose.

— Moi ?

— Oui, répondit-il d’un air embarrassé.

— Quoi donc ?

— De m’emmener avec vous.

— C’est vrai, dit le chasseur en lui tendant la main, pardonnez-moi, frère.

— Ainsi vous consentez ? dit-il avec une joie mal contenue ?

— Oui.

— Nous ne nous quitterons plus ?

— Cela dépendra de votre volonté.

— Oh ! alors, s’écria-t-il avec un joyeux éclat de rire, nous vivrons longtemps ensemble.

— Eh bien, soit, reprit le Canadien, venez : deux hommes, lorsqu’ils ont foi l’un en l’autre, sont bien forts dans le désert. Dieu, sans doute, a voulu que nous nous rencontrions. Nous serons frères désormais.