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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

à lui représenter constamment ce coin de terre, avait fini par frapper l’imagination du capitaine de telle sorte que lorsqu’il eut pris la résolution de quitter le service et de demander une concession, ce fut là et non ailleurs qu’il prétendit se retirer.

James Watt avait de nombreux protecteurs dans les bureaux de la Présidence, d’ailleurs les services de son père et les siens propres parlaient hautement en sa faveur, il n’éprouva donc aucune difficulté pour obtenir la concession qu’il demandait.

On lui présenta plusieurs plans dressés à l’avance et recopiés déjà depuis longtemps par le gouvernement, en l’engageant à choisir le territoire qui lui conviendrait le mieux.

Mais le capitaine avait choisi celui qu’il voulait de longue main ; il repoussa les plans qu’on lui désignait, sortit de sa poche une large pièce de peau d’élan tannée, la déroula et la montra au commissaire chargé des concessions, en lui disant qu’il voulait celle-là et pas d’autre.

Le commissaire fronça le sourcil : il était un des amis du capitaine, il ne put réprimer un geste d’effroi à sa demande.

Cette concession était située au milieu du territoire indien, à plus de quatre cents milles de la frontière américaine. C’était une folie, un suicide que voulait commettre le capitaine ; il lui serait impossible de se maintenir au milieu des tribus belliqueuses qui l’envelopperaient de toutes parts. Un mois ne s’écoulerait pas sans qu’il fût impitoyablement massacré ainsi que toute sa famille et les serviteurs assez dénués de raison pour le suivre.

À toutes les objections que son ami entassait