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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

les unes sur les autres pour lui faire changer d’avis, le capitaine ne répondait que par un hochement de tête accompagné de ce sourire des hommes dont le parti est irrévocablement pris.

Enfin, en désespoir de cause et poussé dans ses derniers retranchements, le commissaire finit par lui dire nettement qu’il était impossible de lui accorder cette concession, parce que ce territoire appartenait aux Indiens, et que, de plus, une de leurs tribus y avait un village de temps immémorial.

Le commissaire avait gardé cet argument pour le dernier, convaincu que le capitaine ne trouverait rien à répondre et serait contraint de changer ou du moins de modifier ses projets.

Il s’était trompé ; le digne commissaire ne connaissait pas autant qu’il se le figurait le caractère de son ami.

Celui-ci, sans s’émouvoir du geste triomphant dont le commissaire avait accompagné sa péroraison, tira froidement d’une autre de ses poches un second morceau de peau d’élan tanné et le présenta sans rien dire à son ami.

Celui-ci le prit en lui lançant un regard interrogateur ; le capitaine lui fit signe de la tête de jeter les yeux dessus.

Le commissaire le déroula avec hésitation ; il se doutait, d’après les façons du vieux soldat, que ce document contenait une réponse péremptoire.

En effet, à peine l’eut-il un instant examiné, qu’il le jeta sur la table avec un violent mouvement de mauvaise humeur.

Cette peau d’élan contenait la vente de la vallée et de tout le territoire environnant, faite par Itsichaichè