Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/106

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mais le corps légèrement penché en avant, il semblait prêter l’oreille à des bruits vagues, perceptibles pour lui seul.

La Tête-d’Aigle était un Indien Osage, tout jeune les Comanches l’avaient adopté mais toujours il avait conservé le costume et les mœurs de sa nation.

C’était un homme de vingt-huit ans au plus, sa taille atteignait presque six pieds, ses membres gros et sur lesquels saillaient des muscles énormes dénotaient une rare vigueur.

Contrairement à ses compagnons, il ne portait qu’une couverture attachée autour des reins, de manière à laisser son buste et ses bras nus, l’expression de son visage était belle et remplie de noblesse, ses yeux noirs et vifs, rapprochés de son nez busqué, sa bouche un peu grande, lui donnaient une lointaine ressemblance avec un oiseau de proie. Il avait les cheveux rasés à l’exception d’une raie sur le milieu de la tête qui faisait l’effet du cimier d’un casque, et d’une longue mèche à scalper qui tombait par derrière et dans laquelle était fichée une touffe de plumes d’aigles.

Il avait le visage peint de quatre couleurs différentes, bleu, blanc, noir et rouge, les blessures faites par lui à ses ennemis étaient dessinées en bleu sur sa poitrine nue. Des mocksens en peau de daim non tannée lui montaient jusqu’au dessus des genoux, et de nombreuses queues de loup étaient attachées à ses talons.