Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/107

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Heureusement pour les chasseurs, les Indiens étaient sur le sentier de la guerre et n’avaient pas de chiens avec eux, sans cela ils auraient été éventés depuis longtemps et n’auraient pu s’approcher ainsi du camp sans être découverts.

Malgré son immobilité de statue, l’œil du chef étincelait, ses narines se gonflaient, il leva machinalement la main droite comme pour imposer silence à ses guerriers.

— Nous sommes éventés, murmura Cœur-Loyal d’une voix si basse que son compagnon l’entendit à peine.

— Que faire ? répondit Belhumeur.

— Agir, dit laconiquement le trappeur.

Tous deux alors se glissèrent silencieusement de branche en branche, d’arbre en arbre sans mettre pied à terre jusqu’au côté opposé du camp, juste au-dessus de l’endroit où les chevaux des Comanches paissaient entravés.

Belhumeur descendit doucement et coupa les longes qui les retenaient. Alors les chevaux, excités par les coups de fouets des chasseurs, se précipitèrent dans toutes les directions en hennissant et en lançant des ruades.

Les Indiens se levèrent en désordre et coururent avec de grands cris à la recherche de leurs chevaux.

La Tête-d’Aigle seul, comme s’il avait deviné l’endroit où ses ennemis se tenaient en embuscade, s’était dirigé droit vers eux, s’abritant le mieux possi-