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VI

LE SAUVEUR.


Pour bien faire comprendre au lecteur la position dans laquelle se trouvaient les chasseurs, il est nécessaire de revenir au chef comanche.

À peine ses ennemis avaient-ils disparu parmi les arbres que la Tête-d’Aigle se releva doucement, pencha le corps en avant et prêta l’oreille afin de s’assurer qu’ils s’éloignaient réellement. Dès qu’il eut acquis cette certitude, il déchira un morceau de son blankett – couverture – avec lequel il enveloppa tant bien que mal son bras blessé et, malgré sa faiblesse occasionnée par le sang qu’il avait perdu, et les vives douleurs qu’il éprouvait, il se mit résolument sur les traces des chasseurs.

Il les accompagna ainsi sans être vu, jusqu’aux limites du camp. Là, caché derrière un ébénier, il fut témoin sans pouvoir s’y opposer, mais en bouillant de colère, de la recherche faite par les chasseurs pour retrouver leurs trappes, et enfin de leur départ après les avoir recouvrées.

Bien que les limiers que les chasseurs avaient avec eux fussent d’excellentes bêtes, dressées à sentir les Indiens de fort loin, par un hasard providentiel, et