Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Nous, continua l’étranger en s’adressant au général, prenons des couvertures mouillées et étendons-les devant les ballots.

Le général, le capitaine et le docteur, guidés par le chasseur, exécutèrent ce qu’il avait commandé, pendant que son compagnon lassait les chevaux et les mules, qu’il entravait au milieu du camp.

— Hâtons-nous ! hâtons-nous ! criait incessamment le chasseur, l’incendie nous gagne.

Chacun redoubla d’ardeur.

Bientôt un large espace fut dépouillé.

Doña Luz regardait avec admiration cet homme étrange, apparu tout à coup d’une façon providentielle, qui paraissait, au milieu de l’horrible danger qui les enveloppait, aussi calme et aussi tranquille que s’il avait eu le pouvoir de commander à l’épouvantable fléau qui s’avançait contre eux à pas de géant.

La jeune fille ne pouvait détacher de lui ses regards ; elle se sentait malgré elle entraînée vers ce sauveur inconnu, dont la voix, les gestes, toute la personne en un mot la subjuguaient.

Lorsque les herbes et les plantes eurent été arrachées avec cette fiévreuse rapidité que les hommes en danger de mort mettent à ce qu’ils font, le chasseur sourit doucement.

— Maintenant, dit-il en s’adressant aux Mexicains, le reste regarde mon ami et moi, laissez-nous