Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/133

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dans lequel les habitants fatigués des rudes travaux du jour reposaient dans une sécurité profonde.

Les éclaireurs envoyés au déclin du jour par le capitaine s’étaient mal acquittés de leur devoir, ou bien ils n’étaient pas habitués aux ruses indiennes, sans cela ils n’auraient pas donné par leurs rapports une confiance trompeuse aux colons.

À un mille à peine du village, cachés et confondus au milieu des épaisses broussailles et des arbres enchevêtrés les uns dans les autres d’une forêt vierge, dont les premiers plans étaient tombés déjà sous la hache infatigable des défricheurs, deux cents guerriers comanches de la tribu du Serpent guidés par plusieurs chefs renommés, au nombre desquels se trouvait la Tête-d’Aigle, qui bien que blessé avait voulu faire partie de l’expédition, attendaient avec cette patience indienne, que rien ne peut rebuter, le moment propice de tirer une vengeance éclatante de l’insulte qui leur avait été faite.

Plusieurs heures se passèrent ainsi, sans que le silence de la nuit fût troublé par un bruit quelconque.

Les Indiens, immobiles comme des statues de bronze, attendaient, sans témoigner la moindre impatience.

Vers onze heures du soir la lune se leva, éclairant le paysage de ses reflets argentés.

Au même instant les hurlements éloignés d’un chien se firent entendre à deux reprises.