Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/134

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La Tête-d’Aigle se détachant alors de l’arbre derrière lequel il s’abritait, commença à ramper avec une adresse et une vélocité extrêmes dans la direction du village.

Arrivé sur la lisière de la forêt il s’arrêta, puis après avoir jeté autour de lui un regard investigateur, il imita le hennissement du cheval avec une telle perfection que deux chevaux du village lui répondirent immédiatement.

Après quelques secondes d’attente, l’ouïe exercée du chef perçut un bruit presque insensible dans les feuilles, le grave mugissement d’un bœuf se fit entendre à une courte distance, alors le chef se leva et attendit.

Deux secondes plus tard un homme le rejoignait.

Cet homme était Blancs-Yeux, le vieux chasseur.

Un sourire sinistre relevait le coin de ses lèvres minces.

— Que font les Blancs ? demanda le chef.

— Ils dorment, répondit le métis.

— Mon frère me les livrera ?

— Donnant, donnant.

— Un chef n’a qu’une parole. La femme pâle et la tête grise ?

— Sont ici.

— Ils m’appartiendront ?

— Tous les habitants du village seront remis entre les mains de mon frère.