Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/146

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Les flammes avaient gagné tout le bâtiment, elles montaient avec une rapidité effrayante, éclairant au loin le désert, comme un lugubre phare.

Au sommet du fort on voyait s’agiter quelques individus avec désespoir, tandis que d’autres agenouillés semblaient implorer la miséricorde divine.

Tout à coup un craquement horrible se fit entendre, un cri de suprême agonie s’élança vers le ciel, et le fort s’écroula dans le bûcher incandescent qui le minait en faisant jaillir des millions d’étincelles.

Tout était fini !

Les Américains avaient succombé.

Les Comanches plantèrent un énorme mât à l’endroit où avait été la place du village ; ce mât auquel ils clouèrent les mains des colons fut surmonté d’une hache dont le fer était teint de sang.

Puis après avoir mis le feu aux quelques cabanes qui restaient encore debout, la Tête-d’Aigle donna l’ordre du départ.

Les quatre femmes et le vieillard, seuls survivants de la population de ce malheureux défrichement, suivirent les Comanches.

Et un silence lugubre plana sur ces ruines fumantes, qui venaient d’être le théâtre de tant de scènes navrantes.