Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sa perplexité était grande. Il adorait sa nièce ; c’était son seul amour, sa seule consolation. Pour elle il aurait mille fois sacrifié tout ce qu’il possédait, sans regret et sans hésitation ; mais, d’un autre côté, les raisons qui l’avaient obligé à entreprendre ce périlleux voyage étaient d’une importance telle qu’il frémissait et sentait une sueur froide envahir son front rien qu’à la pensée d’y renoncer.

— Que faire ?… disait-il, que faire ?

Doña Luz, qui sortait à son tour de la tente, aperçut son oncle dont la promenade saccadée durait toujours, elle accourut vers lui, et lui jetant avec abandon les bras autour du cou :

— Bonjour, mon oncle, lui dit-elle en l’embrassant.

— Bonjour, ma fille, répondit le général – il avait l’habitude de la nommer ainsi –, eh ! eh ! mon enfant, vous êtes bien gaie ce matin.

Et il lui rendit avec effusion les caresses qu’elle lui prodiguait.

— Pourquoi ne serais-je pas gaie, mon oncle ? Grâce à Dieu, nous venons d’échapper à un immense péril, tout semble sourire dans la nature, les oiseaux chantent sur toutes les branches, le soleil nous inonde de ses chauds rayons, nous serions ingrats envers le créateur si nous restions insensibles à cette manifestation de son pouvoir.

— Ainsi nos périls de cette nuit n’ont laissé aucune fâcheuse impression dans votre esprit, chère enfant ?

— Aucune, mon oncle, si ce n’est une immense