Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/17

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Du reste, comme ses autres sœurs américaines, cette ciudad est sale, bâtie en pisé et présente aux yeux étonnés du voyageur un mélange de ruines, d’incurie et de désolation qui attriste l’âme.

Le jour où commence ce récit, c’est-à-dire le 17 janvier 1817, entre trois et quatre heures de l’après-midi, moment où d’ordinaire la population fait la siesta, retirée au fond de ses demeures, la ville d’Hermosillo, si calme et si tranquille d’ordinaire, offrait un aspect étrange.

Une foule de Leperos, de Gambusinos, de contrebandiers et surtout de Rateros se pressait avec des cris, des menaces et des hurlements sans nom, dans la calle del Rosario – rue du Rosaire. Quelques soldats espagnols – le Mexique à cette époque n’avait pas encore secoué le joug de la métropole – cherchaient en vain à rétablir l’ordre et à dissiper la foule, frappant à tort et à travers à grands coups de bois de lances sur les individus qui se trouvaient devant eux.

Mais le tumulte loin de diminuer allait au contraire toujours croissant, les Indiens Hiaquis surtout, mêlés à la foule, criaient et gesticulaient d’une façon réellement effrayante.

Les fenêtres de toutes les maisons regorgeaient de têtes d’hommes et de femmes qui, les regards fixés du côté du Cerro de la campana, du pied duquel s’élevaient d’épais nuages de fumée en