Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/198

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Plusieurs étaient d’un brun foncé et d’ancienne date, d’autres d’un beau blanc, le miel des cellules était presque limpide.

Pendant qu’on se hâtait de s’emparer des meilleurs rayons, de tous les points de l’horizon arrivèrent à tire d’aile des essaims innombrables de mouches à miel, qui se plongèrent dans les cellules des rayons brisés où elles se chargèrent, tandis que les ex-propriétaires de la ruche, mornes et hébétées, regardaient, sans chercher à en sauver la moindre parcelle, le pillage de leur miel.

L’ébahissement des abeilles absentes au moment de la catastrophe est impossible à décrire, au fur et à mesure qu’elles arrivaient avec leur cargaison ; elles décrivaient des cercles en l’air autour de l’ancienne place de l’arbre, étonnées de la trouver vide, enfin elles semblaient comprendre leur désastre et se rassemblaient en groupes sur une branche desséchée d’un arbre voisin, paraissant de là contempler la ruine gisante et se lamenter de la destruction de leur empire.

Doña Luz se sentit émue malgré elle du chagrin de ces pauvres insectes.

— Allons, dit-elle, je me repens d’avoir désiré du miel, ma gourmandise fait trop de malheureux.

— Partons, dit le général en souriant, laissons-leur ces quelques rayons.

— Oh ! fit le guide en haussant les épaules, ils seront bientôt emportés par la vermine.