Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/199

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— Comment la vermine ? de quelle vermine parlez-vous ? demanda le général.

— Oh ! les racoons, les opossums et surtout les ours.

— Les ours ? dit doña Luz.

— Oh ! señorita, reprit le guide, ce sont les plus adroites vermines du monde, pour découvrir un arbre d’abeilles et en tirer parti.

— Ils aiment donc le miel ? demanda la jeune fille avec curiosité.

— C’est-à-dire qu’ils en sont fous, señorita, reprit le guide qui semblait se dérider, figurez-vous qu’ils sont tellement gourmands qu’ils rongent un arbre pendant des semaines, jusqu’à ce qu’ils parviennent à y faire un trou assez large pour y passer leurs pattes, et alors ils emportent miel et abeilles, sans se donner la peine de choisir.

— Maintenant, dit le général, reprenons notre route et rendons-nous auprès des trappeurs.

— Oh ! nous y serons bientôt, seigneurie, répondit le guide, voici à quelques pas de nous la grande Canadienne, les trappeurs sont établis tout le long de ses affluents.

La petite troupe se remit en marche.

La chasse aux abeilles avait à son insu laissé à la jeune fille une impression de tristesse, qu’elle ne pouvait vaincre ; ces pauvres petits animaux, si doux et si industrieux, attaqués et ruinés pour un caprice, la chagrinaient et malgré elle, la rendaient songeuse.