Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/216

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Dès que tout fut en ordre, les industrieux animaux prirent un moment de récréation, se poursuivant dans l’étang, plongeant au fond de l’eau ou jouant à la surface, en frappant à grand bruit l’eau de leurs queues.

Doña Luz regardait ce singulier spectacle avec un intérêt toujours croissant. Elle serait restée la journée entière à considérer ces étranges animaux.

Tandis que les premiers se divertissaient ainsi, deux autres membres de la communauté parurent. Pendant quelque temps ils considérèrent gravement les jeux de leurs compagnons sans faire mine de s’y joindre ; puis, gravissant la berge non loin de l’endroit où le trappeur et la jeune fille étaient aux aguets, ils s’assirent sur leurs pattes de derrière, appuyèrent celles de devant sur un jeune pin, et commencèrent à en ronger l’écorce. Parfois ils en détachaient un petit morceau et le tenaient entre leurs pattes, tout en restant assis ; ils le grignotaient avec des contorsions et des grimaces assez ressemblantes à celles d’un singe épluchant une noix.

Le but évident de ces castors était de couper l’arbre, et ils y travaillaient avec ardeur. C’était un jeune pin de dix-huit pouces de diamètre à peu près, à l’endroit où ils l’attaquaient ; il était droit comme un I et assez haut. Nul doute qu’ils seraient parvenus en peu de temps à le couper entièrement, mais le général inquiet de l’absence prolongée de sa