Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/218

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vent il leur arrive de faire de longs voyages afin de trouver l’écorce qu’ils préfèrent. Ils abattent parfois des arbres assez gros, en détachent les branches dont l’écorce est le plus de leur goût ; ils les coupent en morceaux d’environ trois pieds de long, les transportent vers l’eau et les font flotter jusqu’à leurs huttes où ils les emmagasinent. Leurs habitations sont propres et commodes ; ils ont soin de jeter après leur repas dans le courant de la rivière, au-delà de l’écluse, les morceaux de bois dont ils ont rongé l’écorce. Jamais ils ne permettent à un castor étranger de venir s’établir auprès d’eux, et souvent ils combattent avec la plus grande violence pour assurer la franchise de leur territoire.

— Tout cela est on ne peut plus curieux, dit la jeune fille.

— Oh ! mais, reprit le trappeur, ce n’est pas tout. Au printemps, qui est la saison de la mue, le mâle laisse la femelle à la maison et va comme un grand seigneur faire un voyage de plaisance, s’éloignant souvent beaucoup, se jouant dans les eaux limpides qu’il rencontre, gravissant les rives pour ronger les tendres tiges des jeunes peupliers ou des saules. Mais quand l’été approche, il abandonne la vie de garçon, et se rappelant ses devoirs de chef de famille, il retourne vers sa compagne et sa nouvelle progéniture, qu’il mène fourrager à la recherche des provisions d’hiver.

— Il faut avouer, observa le général, que cet ani-