Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/224

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voulu le faire, c’est-à-dire le roi de la création.

En prononçant ces paroles, le trappeur s’était en quelque sorte transfiguré, son visage avait pris une expression inspirée, ses yeux lançaient des éclairs, et ses gestes s’étaient empreints de cette noblesse que donne seule la passion.

Le général soupira profondément, une larme furtive coula sur sa moustache grise.

— C’est vrai, dit-il avec tristesse, cette vie a des charmes étranges, pour celui qui l’a goûtée, et qui l’attachent par des liens que rien ne peut rompre. Lorsque vous êtes arrivé dans les prairies, d’où veniez-vous ?

— Je venais de Québec, monsieur, je suis Canadien.

— Ah !

Il y eut un silence.

Ce fut le général qui le rompit.

— Parmi vos compagnons, n’avez-vous pas des Mexicains ? dit-il.

— Plusieurs.

— Je désirerais obtenir des renseignements sur eux.

— Un seul homme pourrait vous en donner, monsieur, malheureusement cet homme n’est pas ici en ce moment.

— Et vous le nommez ?

— Le Cœur-Loyal.

— Le Cœur-Loyal, reprit vivement le général,