— Silence ! interrompit l’Indien d’une voix brève, pourquoi mon frère blanc parle-t-il devant moi une langue inconnue ? Craint-il donc que je comprenne ses paroles ?
— Oh ! chef, dit l’Espagnol avec un geste de dénégation.
— Que mon frère laisse donc alors parler ma mère au visage pâle, elle s’adresse à un chef.
Le vieillard se tut, mais un triste pressentiment lui serra le cœur.
Le chef comanche savait parfaitement à qui il s’adressait, il jouait avec les deux Espagnols comme un chat avec une souris ; mais ne faisant rien paraître de ses impressions, il se tourna vers la femme et s’inclinant avec cette courtoisie instinctive qui distingue les Indiens :
— Oh ! oh ! dit-il d’une voix douce avec un sourire sympathique, le fils de ma mère est un grand chasseur, tant mieux.
Le cœur de la pauvre femme se dilata de joie.
— Oui, dit-elle avec effusion, c’est un des plus braves trappeurs des prairies de l’ouest.
— Ooah ! fit le chef de plus en plus aimable, ce guerrier renommé doit avoir un nom respecté de tous dans les prairies ?
L’Espagnol souffrait le martyre ; tenu en respect par l’œil du Comanche, il ne savait comment avertir sa maîtresse de ne pas prononcer le nom de son fils.