Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/244

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Ooah ! dit le chef en hochant la tête et réfléchissant profondément sur cette réponse.

Mais les paroles de l’Espagnol ne pouvaient être comprises par l’Indien, la distinction était trop subtile pour qu’il la saisît. Après deux ou trois minutes il secoua la tête et renonça à chercher la solution de ce problème pour lui incompréhensible.

— Bon, dit-il en faisant glisser un regard ironique sous ses paupières demi-closes, la femme partira avec mon frère.

— C’est ainsi que je l’ai toujours entendu, répondit l’Espagnol.

La femme âgée, qui jusqu’à ce moment avait gardé le silence, pensa qu’il était temps de se mêler à la conversation.

— Je remercie le chef, dit-elle, mais puisqu’il est assez bon pour se mettre à notre disposition, me permettra-t-il de lui demander une grâce ?

— Que ma mère parle, mes oreilles sont ouvertes.

— J’ai un fils qui est un grand chasseur blanc, il doit en ce moment se trouver dans la prairie ; peut-être que si mon frère consentait à nous garder encore quelques jours auprès de lui, il nous serait possible de le rencontrer ; avec sa protection nous n’aurions plus rien à redouter.

À ces paroles imprudentes l’Espagnol fit un geste d’effroi.

— Señorita, dit-il vivement dans sa langue maternelle, prenez garde à ce…