Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/267

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sont des guerriers redoutables qui ne laissent jamais une insulte impunie ? J’ai dit, ai-je bien parlé, hommes puissants ?

Après avoir prononcé ce long plaidoyer, la Tête-d’Aigle se rassit et croisant ses bras sur la poitrine, il attendit la tête basse la décision des chefs.

Un assez long silence suivit ce discours, enfin le Soleil se leva.

— Mon frère a bien parlé, dit-il, ses paroles sont celles d’un homme qui ne se laisse pas dominer par la passion, tout ce qu’il a dit est juste ; les Blancs, nos féroces ennemis, s’acharnent à notre perte, quelque pénible que soit pour nous le supplice de cette femme il est nécessaire.

— Il est nécessaire ! répétèrent les chefs en inclinant la tête.

— Allez, reprit le Soleil, faites les préparatifs, donnez à cette exécution l’apparence d’une expiation et non celle d’une vengeance ; il faut que tout le monde soit bien convaincu que les Comanches ne torturent pas les femmes à plaisir, mais qu’ils savent punir les coupables, j’ai dit.

Les chefs se levèrent et après avoir respectueusement salué le vieillard, ils se retirèrent.

La Tête-d’Aigle avait réussi, il allait se venger, sans assumer sur lui la responsabilité d’une action dont il avait compris toute la hideur, mais à laquelle il avait eu le talent d’associer les chefs de sa nation