Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/268

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sous une apparence de justice dont intérieurement il se souciait fort peu.

L’on se hâta de faire les apprêts du supplice.

Les femmes taillèrent de minces éclats de frêne pour être introduits sous les ongles, d’autres préparèrent de la moelle de sureau pour faire des mèches soufrées, tandis que les plus jeunes allaient dans la forêt chercher des brassées de bois vert destinées à brûler la condamnée lentement en l’asphyxiant par la fumée que le feu produirait.

Pendant ce temps les hommes avaient complètement dépouillé de son écorce un arbre choisi pour servir de poteau du supplice, ils l’avaient ensuite enduit de graisse d’élan mêlée d’ocre rouge ; à sa base ils avaient empilé le bois du bûcher, et cela fait, le sorcier était venu conjurer l’arbre au moyen de paroles mystérieuses, afin de le rendre propre à l’usage auquel on le destinait.

Ces préparatifs terminés, la condamnée fut amenée au pied du poteau, assise sans être attachée sur le monceau de bois destiné à la brûler, et la danse du scalp commença.

La malheureuse femme était impassible en apparence, elle avait fait le sacrifice de sa vie ; rien de ce qui se passait autour d’elle ne pouvait plus l’émouvoir.

Ses yeux brûlés de fièvre et gonflés de larmes erraient sans but sur cette foule qui l’enveloppait avec des rugissements de bêtes fauves. Son esprit veillait