Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/287

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sagesse, quoique leurs cheveux soient noirs ; ils connaissent toutes les ruses familières aux grands guerriers, ils ont la finesse du castor et le courage du lion.

Les deux hommes s’inclinèrent en silence.

La Tête-d’Aigle continua :

— Puisque mon frère, le Cœur-Loyal, est dans le camp des Comanches des grands lacs, l’heure est enfin arrivée de dissiper les nuages qui se sont élevés entre lui et les Peaux-Rouges. Le Cœur-Loyal est juste, qu’il s’explique sans crainte ; il est devant des chefs renommés qui n’hésiteront pas à reconnaître leurs torts s’ils en ont envers lui.

— Oh ! oh ! répondit le Canadien en ricanant, la Tête-d’Aigle a bien promptement changé de sentiments à notre égard ; croit-il pouvoir nous tromper avec de vaines paroles ?

Un éclair de haine fit étinceler la prunelle fauve de l’Indien ; mais, par un effort suprême, il parvint à se contenir.

Tout à coup un homme s’interposa entre les interlocuteurs.

Cet homme était Eshis, le guerrier le plus vénéré de la tribu.

Le vieillard leva lentement le bras.

— Que mes enfants m’écoutent, dit-il, tout doit s’éclaircir aujourd’hui, les chasseurs pâles fumeront le calumet en conseil.