Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/286

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lutte avec leurs hardis adversaires. En effet, que pouvaient-ils contre ces intrépides coureurs des bois qui comptaient leur vie pour rien ?

Les tuer ?

Mais, en tombant, ils égorgeraient sans pitié les prisonniers qu’on voulait sauver.

Le sentiment le plus développé parmi les Peaux-Rouges est l’amour de la famille.

Pour ses enfants ou sa femme, le guerrier le plus farouche n’hésitera pas à faire des concessions, que les plus effroyables tortures ne sauraient, dans d’autres circonstances, obtenir de lui. Aussi, à la vue de sa femme et de son fils tombés au pouvoir de Belhumeur, la Tête-d’Aigle ne songea plus qu’à leur salut.

De tous les hommes, les Indiens sont peut-être ceux qui savent avec le plus de facilité se courber aux exigences d’une situation imprévue.

Le chef comanche enfouit au fond de son cœur la haine et la colère qui le dévoraient. D’un mouvement plein de noblesse et de désinvolture, il rejeta en arrière la couverture qui lui servait de manteau, et, le visage calme, le sourire sur les lèvres, il s’approcha des chasseurs.

Ceux-ci, habitués de longue main aux façons d’agir des Peaux-Rouges, restaient impassibles en apparence, attendant le résultat de leur hardi coup de main.

— Mes frères pâles, dit le chef, sont remplis de