Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/315

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ment. Tout en le poursuivant, comme ils tâchaient autant que possible de ne pas se laisser apercevoir par les sentinelles mexicaines qu’ils voulaient surprendre, cette manœuvre les obligeait à des détours qui ralentissaient nécessairement leur course.

Le capitaine était arrivé à portée de voix des siens, il jeta un regard en arrière ; profitant du temps d’arrêt qu’il faisait pour reprendre haleine, les bandits avaient gagné sur lui une avance considérable.

Le jeune homme comprit que s’il continuait à fuir, il causerait le malheur qu’il voulait éviter.

Son parti fut pris en une seconde, il résolut de mourir, mais il voulut mourir en soldat, et en succombant, être utile à ceux pour lesquels il se dévouait.

Il s’appuya contre un arbre, plaça son machete auprès de lui à portée de sa main, sortit ses pistolets de sa ceinture et faisant face aux bandits qui n’étaient plus qu’à une trentaine de pas de lui, afin d’attirer l’attention de ses amis, il cria d’une voix éclatante :

— Alerte ! alerte ! voici les ennemis !…

Puis, avec le plus grand sang-froid, il déchargea ses armes comme dans un tir à la cible – il avait quatre pistolets doubles –, répétant à chaque pirate qui tombait :

— Alerte ! voici les ennemis ! ils nous entourent, garde à vous ! garde à vous !