Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/352

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camp avait été envahi par tous les côtés à la fois.

Comment une jeune fille, réveillée en sursaut, aurait-elle eu assez d’audace et de présence d’esprit, pour fuir aussi prestement et passer inaperçue au milieu des vainqueurs, dont le premier soin avait été de garder toutes les issues ?

Le capitaine cherchait en vain le mot de cette énigme.

Il frappait du pied avec colère, sondait avec la pointe de son poignard les ballots qui auraient pu offrir un abri provisoire à la fugitive ! Tout restait sans résultat.

Convaincu enfin que ses recherches dans la tente n’aboutiraient à rien, il se précipita au-dehors, rôdant çà et là comme une bête fauve, persuadé que si par un miracle elle avait réussi à s’échapper, seule, la nuit, à demi vêtue, égarée dans le désert, il retrouverait facilement ses traces.

Cependant, le pillage continuait avec une célérité et un ordre dans le désordre qui faisaient honneur aux connaissances pratiques des pirates.

Les vainqueurs, fatigués de tuer et de voler, défonçaient avec leurs poignards les outres pleines de mezcal et faisaient succéder l’orgie au vol et au meurtre.

Tout à coup, un cri strident et formidable résonna à peu de distance, et une grêle de balles vint en crépitant s’abattre sur les bandits.

Ceux-ci, surpris à leur tour, sautèrent sur leurs armes en cherchant à se rallier.