Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/373

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— Parlez donc et que cela finisse.

— C’est justement ce que je demande, écoutez-moi donc. Dans ce monde, chacun comprend la vie à sa façon, les uns largement, les autres d’une manière étroite ; moi, mon rêve est de me retirer dans quelques années d’ici, au fond de l’une de nos belles provinces mexicaines avec une modeste aisance, vous voyez que je ne suis pas ambitieux. Il y a quelques mois, à la suite de plusieurs affaires assez lucratives que j’avais heureusement terminées dans les prairies, par mon courage et mon adresse, je me trouvai à la tête d’une somme assez ronde, que suivant mon habitude je me résolus de placer, afin de me procurer plus tard la modeste aisance dont je vous ai parlé. Je me rendis à Mexico, pour remettre mes fonds à un honorable banquier français établi dans cette ville, qui me les fait valoir, et que je vous recommande dans l’occasion.

— Que nous importe ce verbiage ? interrompit avec violence le Cœur-Loyal, vous moquez-vous de nous, capitaine ?

— Pas le moins du monde, je continue. À Mexico, le hasard me permit de rendre à doña Luz un service assez important.

— Vous ! fit le Cœur-Loyal avec colère.

— Pourquoi pas ? reprit l’autre ; du reste, l’affaire est bien simple, je la délivrai des mains de quatre bandits en train de la dévaliser consciencieusement, je la vis et j’en devins éperdument amoureux.