Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/389

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reuse. Si je reste, je cause la mort du seul parent que j’ai au monde, si je pars, je suis déshonorée.

— Oh ! ne pouvoir rien faire ! s’écria-t-il avec exaltation, vous voir pleurer, vous savoir malheureuse et ne pouvoir rien faire ! Oh ! ajouta-t-il, pour vous éviter une inquiétude je sacrifierais ma vie avec joie ! Dieu seul sait ce que je souffre de mon impuissance.

— Espérez, mon fils ! dit la vieille dame avec un accent convaincu, Dieu est bon, il ne vous abandonnera pas !

— Espérer ! que me dites-vous là, ma mère ? Depuis deux jours, mes amis et moi nous avons tenté l’impossible sans aucun résultat. Espérer ! et dans quelques heures ce misérable viendra réclamer la proie qu’il convoite ! Plutôt mourir que de voir s’accomplir un tel forfait !

Doña Luz jeta sur lui un regard d’une expression étrange, un sourire mélancolique plissa le coin de ses lèvres, et lui posant doucement sa main délicate et mignonne sur l’épaule :

— Cœur-Loyal, lui dit-elle de sa voix mélodieuse et pénétrante, m’aimez-vous ?

Le jeune homme tressaillit, un frisson parcourut ses membres.

— Pourquoi cette question ? lui dit-il d’une voix tremblante.

— Répondez-moi, reprit-elle, sans hésiter comme